Facebook décide-t-il de ce que vous voyez ?
Ce sont vos habitudes sur Facebook qui dictent certaines règles à un algorithme qui a les siennes. Votre fil d’actualité est le résultat de la combinaison de ces deux types de paramètres. Non, la société des Mark Zuckerberg ne vous impose rien !
Derrière Facebook, comme derrière chaque réseau social ou moteur de recherche, se cache un algorithme. Il s’agit d’un robot calculateur qui analyse, trie et classe les contenus. En d’autres termes, il va décider de ce que vous allez voir. On peut donc croire qu’il vous impose les publications de votre fil d’actualité. Ce n’est pas faux mais ce n’est pas tout à fait vrai non plus.
Limite à 25 amis ?
Depuis un peu plus de deux ans, avec l’arrivée de la dernière grande version de l’algorithme de Facebook en janvier 2018, vous avez sans aucun doute vu cet appel au contournement des règles que l’on vous incite à copier-coller. D’après lui, seules les publications de 25 de vos amis seraient affichées dans votre fil d’actualité. Premièrement, le nombre d’amis dont vous voyez les publications n’est pas limité à 25. Ce n’est pas limité du tout et c’est même le contraire. Cette version de l’algorithme vise à réduire le nombre de publications à contenu public (en particulier, celles des pages auxquelles vous êtes abonnés) afin que vous puissiez voir plus de publications publiées par vos amis.
Malgré tout, il y a une part de vérité dans cette fake news. En effet, plus vous aimez, commentez et partagez les publications de vos amis, groupes ou pages favorites, plus ces auteurs reviendront régulièrement dans votre fil d’actualité. En fait, une des composantes de l’algorithme est la prédiction. Il essaie de prédire ce qui vous intéressera. Et puisque vous avez apprécié précédemment le contenu d’un ami (ou d’une page), Facebook pense que ses prochaines publications vous plairont aussi. Si vous likez, commentez ou partagez à nouveaux ces dernières, le lien entre vous et son auteur se renforcera. Dans le cas contraire, vous verrez moins souvent ses statuts, photos, vidéos ou autres. Evidemment, plus vous avez d’amis, la probabilité de voir les statuts de certains diminue car vous interagissez moins avec ceux-là.
Vos habitudes induisent des préférences.
Vous comprenez donc que votre comportement est surveillé. Il l’est mais pas seulement du point de vue de la source des publications. Facebook sait aussi le type de publications que vous préférez tout simplement en analysant votre attitude face à des photos ou des vidéos par exemple. S’il remarque que vous consommez beaucoup de vidéos et que vous interagissez souvent avec elles, l’algorithme vous en montrera toujours plus au détriment des autres formats. Le mécanisme est extrêmement complexe et on en connaît qu’une infime partie. L’algorithme de Google se base sur plus de 200 critères et celui de Facebook sur plus de 10.000 paramètres. Vous imaginez…
Le score de qualité.
Sans tenir compte des interactions, Facebook attribue un score à chaque post. Les vidéos natives (publiées directement sur le réseau social de Zuckerberg) sont privilégiées. Les Live arrivent même légèrement en tête. Suivent les photos puis les liens externes (que ce soit vers YouTube ou tout autre site). On a donc un score de base. Il fluctuera en fonction d’autres paramètres dont la durée de visionnement pour les vidéos. Evidemment, l’engagement entrera en ligne de compte. Le taux d’engagement est plus important que le nombre de vues. Si vous êtes vu mais n’intéressez personne, cela n’a aucun intérêt. L’engagement est donc matérialisé par des like, des commentaires et des partages.
Par ailleurs, l’ancienneté d’un post interviendra dans le calcul du score. S’il est sorti il y a plusieurs heures, il aura plus de difficultés à s’afficher sur le fil d’actualités, à moins d’avoir bénéficié d’un fort taux d’engagement. Comme les pages bénéficient désormais d’une moins bonne visibilité qu’une personne, leurs gestionnaires doivent justement être très attentifs à l’heure de publication de leurs posts pour coller aux connexions de leurs fans. D’après certaines estimations, la portée des publications d’une page est estimée à 10%. Comprenez que seulement 10% des fans de la page verront ses publications. Dans l’analyse des données chiffrées des pages, on regardera donc si cette proposition est respectée au risque de devoir créer des contenus plus efficaces, plus engageants en faisant, pourquoi pas, appel aux techniques de storytelling.
Le taux d'engagement.
De toute façon, on surveillera prioritairement le taux d’engagement pour les raisons déjà explicitées. Dans les entreprises, cet algorithme rend beaucoup plus difficile le travail des Community managers et il n’est pas rare de peiner pour atteindre les cibles. Les publications des pages auront énormément de mal à percer organiquement puisqu’elles bénéficient d’un score de qualité moindre que les mêmes, exactement les mêmes, postées par un individu. Sans like, sans commentaire ni partage de vos post, vous n’irez nulle part puisque vous ne toucherez personne en-dehors de vos fans. Par contre, si des personnes réagissent, Facebook augmentera leur score de qualité et elles auront plus de poids. Pour une page, on conseillera toujours d’avoir une certaine régularité (rythme et horaire) et se limiter à 5 ou 6 publications par semaine, grand maximum. Dans tous les cas, il faudra surveiller vos statistiques, comparer des publications similaires et faire des tests.
Pour en revenir au point de départ de notre article, Facebook vous montrera d’abord le format de publications que vous préférez venant principalement des amis, et dans une moindre mesure des groupes et des pages avec lesquels vous interagissez le plus. Facebook privilégie l’expérience utilisateur et c’est votre engagement qui indique à l’algorithme que telle publication est intéressante pour vous. Finalement, oui, Facebook décide pour vous mais c’est bien vous qui lui avez donné les instructions qui le guideront dans sa sélection. Facebook fera toujours en sorte que votre fil d’actualités soit le plus personnalisé possible, comme un journal qui ne traiterait que des informations qui vous intéressent.
L'algorithme nuit à l'ouverture d'esprit.
Si certaines fake news (infox en français) bénéficient d’une grande vitalité sur les réseaux sociaux en général et Facebook en particulier, c’est grâce à leur taux d’engagement élevé. Et si les adeptes de certains discours populistes s’imaginent qu’une grande part de l’opinion publique partage les mêmes idées qu’eux, c’est toujours en raison de l’algorithme qui leur met au menu ce qu’ils ont déjà l’habitude de manger. C’est sans doute le plus grand défaut de ce robot dont l’intelligence artificielle réduit l’ouverture d’esprit.
En conclusion, ne vous plaignez plus de ce que vous voyez ou ne voyez pas dans votre fil d’actualité puisque vous savez maintenant que c’est vous qui avez la télécommande entre les mains.
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